Derrière l'écume de la consommation collaborative, la vague des Makers

La consommation collaborative n'est que l'écume d'une véritable lame de fond plus puissante : le mouvement des makers et de la production collaborative.

Pour David Lang, on en dit trop sur la consommation collaborative... et pas assez sur la véritable lame de fond qui est en train de bouleverser la chaine de création de valeur : le mouvement des makers et de la production collaborative.Article initialement publié sur Shareable.net, traduit par Stanislas Jourdan

Comprenez moi bien : j’aime la consommation collaborative. Je pense que AirBnb améliore le monde en permettant aux gens de vivre des expériences de voyage plus authentiques. J’adore TaskRabbit que j’utilise tout le temps pour faire mes courses. J’ai même écrit un article sur pour Make Magazine à propos des boites à outil partagées. L’accès est certainement plus attrayant que la propriété, je le comprends bien. Du moins pour mon propre mode de vie. Pourtant, je pense que le succès de la consommation collaborative est surfait lorsque l’on regarde l’autre facette de l’économie du partage : la création collaborative. Le vrai potentiel de l’économie P2P en réseau ne fait que commencer à apparaitre grâce au mouvement des Makers. Et ce mouvement ne concerne pas seulement la consommation communautaire, mais également tout ce que l’on peut produire ensemble. Bien sûr, la consommation collaborative peut vous aider à gagner un peu d’argent, à subventionner/amortir la possession d’une voiture ou à passer des vacances plus humaines, mais très rarement elle vous aide à apprendre de nouvelles compétences, comme construire un petit business ou d’inventer une nouvelle industrie. En d'autres termes :

La création collaborative consiste à créer de nouvelles formes de richesses, pas seulement à partager les richesses existantes.

La consommation collaborative n’est pas un concept visant à créer des moyens de subsistances hautement qualifiés pour ses utilisateurs. De mon expérience personnelle, je crois que le potentiel de création d’emplois et d’apprentissage de nouvelles compétences que permet le mouvement des makers est plus important qu’une nouvelle manière de consommer, car cela répond au plus grand problème de notre société : le chômage de masse, surtout celui des jeunes adultes comme moi. Comme Chris Aderson l’a décrit de manière éloquente dans son livre Makers, l’internet est le prototype, le modèle de la création hautement participatif. Et maintenant, ce que nous voyons est un élan de créativité avec les objets, et cela change notre expérience de vie avec eux. De l’impression en 3D aux makerspaces en passant par Etsy ou Kickstarter, les infrastructures des makers sont en passe d’arriver à un stade de maturation ou n’importe qui va pouvoir litérallement apporter sa contribution. En chroniquant mon voyage d’un grand débutant à un amateur en progrès dans la rubrique “Zero to Maker” du magazine MAKE, j’étais aux premières loges de cette tendance émergente. Tout remonte au moment où j’ai perdu mon boulot en 2011 j’ai alors senti que je n’avais pas trop le choix : je voulais m’éloigner de mon écran, mais je n’avais aucune expérience technique. Heureusement, j’ai eu la chance de trouver une communauté de makers amicale et stimulante. J’ai commencé à construire un robot sous-marin open-source avec mon ami (et héro) Eric Stackpole. Né d’une simple conversation il y a un an, OpenROV est devenu aujourd’hui un projet à succès, ainsi qu’un embryon de business. Nous ne faisons pas tant/beaucoup d’argent, mais cela nous convient ainsi, car nous avons trouvé quelque chose qui a bien plus de valeur : une communauté mondiale de collaborateurs qui travaillent main dans la main pour démocratiser l’exploration des océans. Cette richesse de la communauté, Eric et moi l’avons appellée le “Retour sur Aventure”. [caption id="attachment_6642" align="alignnone" width="640"]

Le robot OpenROV en action.[/caption] Mon expérience chez TechShop fut un exemple retentissant du vrai potentiel de l’économie du partage - incluant à la fois la consommation et la production collaborative. L’accès aux outils que fournissent les makerspaces fut crucial dans mon developpement personnel. En fait, sans un modèle de ressources partagées, ma situation desespérée aurait été inextricable. Mais surtout, la manière dont les membres de la communauté et le staff nous ont soutenu fut la vraie valeur ajoutée de cette expérience.

"Le mouvement des makers est une opportunité de construire un futur réimaginé"

Pour ainsi dire, OpenROV n’aurait pas existé sans Techshop, Kickstarter, et la communauté des makers au sens large. Contrairement à la consommation, c’est le processus de création qui instille du sens dans les produits que nous utilisons. Aller au délà de la société de surconsommation rampante va prendre/demander plus que de changer simplement nos habitudes de consommation, d’achat, ou de transport. Le mouvement des makers est une opportunité de construire un futur réimaginé. Peut être que la nouvelle la plus encourageante est que s’impliquer n’a jamais été aussi facile qu’aujourd’hui. Il semble que tous les makers que je rencontre ont été chaudement accueillis tout comme je l’ai été. Chacun ressent le devoir de rendre la pareille, ce qui crée une culture inclusive et pleine de possibles. Les outils qui paraissaient si intimidants quand j’ai commencé, comme les imprimantes 3D ou les machines CNC, étaient à chaque fois accompagnées d’une personne locale ou en ligne qui ont fait un incroyable travail d’éducation. Même un projet aussi fou que celui de créer un robot sous-marin open-source a trouvé ici une famille pour le soutenir. Cette expérience m’a ouvert les yeux sur le potentiel de la création collaborative. Chanceux que vous êtes, n’importe qui à l’aise avec la consommation collaborative a déjà les compétences requises pour réussir dans le monde maker. Après tout, ce ne sont que les deux faces d'un même mouvement. Un billet de David Lang.

David Lang is the co-founder of OpenROV as well as the author of the book-in-progress, Zero to Maker. David Lang est le co-fondateur du projet OpenROV et auteur d’un livre en cours d’écriture “Zero to Maker” qui a besoin de votre soutien. Credit image :

opacity