Rien n’est jamais perdu, tant qu’il reste quelque chose à trouver.
Pierre Dac
La liste est longue pour justifier le désamour que nous ressentons pour ce qu'il reste du projet européen. Partout, les inégalités économiques et sociales se creusent. La crise environnementale perdure, pire, elle s’aggrave. Les sentiments croissants d’injustice, de crainte et de colère fragilisent nos démocraties.
Les intérêts étriqués des lobbies continuent de prévaloir. Le court-termisme nous empêche de rêver à un véritable projet commun, et l’idée de l’avenir nous fait plutôt souffrir que sourire. Le Vieux Continent semble ne plus avoir grand-chose à apporter au monde. Il aurait presque l’air d’être condamné à tout faire pour se refermer.
Et pourtant, malgré toutes ces raisons de désespérer, de plus en plus de voix s’élèvent pour dire que l’Europe, notre Europe, a tout pour réussir. En effet, en y regardant de plus près, nous possédons une gouvernance continentale unique qui pourrait faire de nous le modèle de coopération entre les peuples le plus abouti au monde.
Sur le papier, nos institutions sont là pour nous protéger, garantir nos libertés fondamentales et améliorer nos modes de vie. Sur le terrain, des sociétés civiles foisonnantes constituent le terreau fertile qui pourrait permettre l’émergence de solutions nouvelles face aux grands enjeux du présent et de l'avenir.
Et si, sans nous en rendre compte, nous étions déjà devenu le laboratoire d’une véritable démocratie mondiale, écologique, juste et solidaire ?
Réinventer nos modèles de pensées et d’actions
L’époque de transition que nous vivons est historique. Le monde de demain sera radicalement différent ou ne sera pas : il se devra d'être plus collaboratif, plus solidaire et plus durable.
Il est grand temps d’imaginer un récit collectif nouveau dans lequel les peurs se changent en actes de courage. Il est grand temps de donner les clés à celles et ceux qui veulent faire et créer. Enfin et surtout, il est grand temps de faire confiance aux jeunes qui pensent encore qu’ils n’ont pas leur mot à dire. Chacune et chacun d’entre nous peut devenir acteur du changement.
Euforia, une entreprise sociale basée en Suisse, fait par exemple le pari que d’ici 2030 le style de vie préféré des jeunes générations sera le “changemaking”. Avec ses méthodologies de passage à l’action, le réseau souhaite notamment inspirer 10 millions de jeunes d’ici à 2020.
Faire de l’Europe le continent de l’innovation sociale
L’innovation sociale se définit comme “une réponse nouvelle à des besoins sociaux et environnementaux nouveaux (ou mal satisfaits)”. Elle représente une façon inédite de tenter de répondre aux grands enjeux de notre époque.
L’avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l’avenir, on le fait.
Georges Bernanos
Avec Boris Marcel et Malo Richard, nous avons décidé de prendre cette maxime au pied de la lettre et d’incarner à notre échelle le changement que nous voulions voir advenir. Ainsi, pour partir à la rencontre de celles et ceux qui font l’Europe de demain, nous avons construit le programme Europe Tomorrow.
Pendant un an, dans une vingtaine de pays, nous allons partir à la recherche et décrypter les initiatives les plus prometteuses de façon à en favoriser la duplication. Avec les entreprises, les institutions publiques et les citoyens, nous co-créerons les solutions concrètes qui puissent répondre aux enjeux de notre temps. Villes post-carbone en Angleterre, schémas d’économie circulaire au Danemark, logements sociaux et participatifs en Allemagne, mouvements de consommation responsable en Italie, expérimentations d’éco-mobilité en Estonie ou encore finance alternative en Islande, nous allons explorer les territoires afin de dénicher ce qui ce fait de mieux en matière sociale et environnementale. Les années qui suivront seront dédiées à influencer les décideurs pour transformer les politiques, favoriser des réformes durables en profondeur et faire changer d’échelle les innovations les plus radicales.
Le changement ne se fait pas en solitaire
Les trois niveaux d’innovations sociales et environnementales du programme sont les suivants :
- Les innovations portées par la société civile, qui sont en règle générale plus facilement réplicables que les autres et n’impliquent pas forcément la création d’un modèle économique profitable. Elles évoluent le plus souvent dans le champ de l’économie sociale et solidaire.
- Les innovations portées par les entreprises et le monde économique en général. Ici, les innovations peuvent se manifester à travers différents courants tels que l’entrepreneuriat social, le social business, l’intraprenariat social, le champ de la RSE, l’économie collaborative ou encore l’économie circulaire. Elle nécessitent généralement de développer des modèles économiques complets et sont plus complexes à dupliquer.
- Les innovations portées par le secteur public. Qu’elles soient lancées par des quartiers, des villes, des collectivités, ou des Etats, elles nécessitent l'implication des citoyens et l’appui des dirigeants politiques.
Pour faire partie des innovations portées par le programme ou nous faire part d'un projet qui vous inspire : www.europetomorrow.org ou hello@europetomorrow.org
Un billet de Florian Guillaume
Fondateur du mouvement Carrotmob en France, je m'efforce de concilier engagement et esprit positif ! Persuadé que le changement ne se subit pas mais se prépare avec enthousiasme, j'ai co-fondé Europe Tomorrow. Image à la une : Pieter Bruegel l'Ancien (1526/1530–1569) [Public domain], via Wikimedia Commons
