Impulsion d'un mouvement "Ville en Transition" à Montreuil

Jeudi 30 août dernier, un mouvement tout particulier prenait vie à Montreuil : celui d’une "ville en Transition". L’idée : faire des citoyens Montreuillois des acteurs de changement local en se ré-appropriant un savoir-vivre ensemble. Hélène Pouille a participé à la réunion de lancement et nous explique de quoi il s'agit.

La Transition : une dynamique locale au service d’une vision positive

Le mouvement “Villes en Transitions” est né en Grande-Bretagne en septembre 2006 dans la petite ville de Totnes. Un mouvement qui n’a cessé d’essaimer et qui a donné naissance à des centaines d’initiatives dans une vingtaine de pays. La Transition, c’est avant tout la conscientisation d’un double défi : celui du pic pétrolier et du déréglement climatique. Si chacun pris séparément peut donner naissance à de nombreuses solutions, la conjonction des deux réduit inévitablement le champ d’action. Ainsi, en conjuguant les enjeux liés au pic pétrolier et au dérèglement climatique, la démarche de Transtion propose un processus communautaire, incusif et local visant à assurer la résilience (capacité à encaisser les crises économiques et/ou écologiques) de la ville ou du quartier impliqué dans cette dynamique.

Si le point de départ consiste à intégrer ces problématiques peu réjouissantes, l’enjeu de la démarche est d’en faire une opportunité et d’adopter une attitude pro-active pour recréer du lien localement. Pour aller au-délà du stress post-traumatique, le mouvement “Ville en Transtion” prône la puissance d’une vision positive et la force de l’onirique au service d’actions concrètes, ancrées dans l’éco-système local.

Montreuil, terreau fertile de Transition

La diversité des initiatives est incontestablement une des richesses et des forces de la ville de Montreuil. C’est donc assez naturellement que s’est catalysé le mouvement profitant d’un tissu associatif bouillonnant. Avec plus de 100 inscrits, l’initiative, baptistée T’M pour Transition Montreuil, a rassemblé pas moins de 90 personnes et une trentaine d’associations pour ce premier rendez-vous.

Après avoir rapidement dépeint le paysage de la Transition, il était question, avant d’imaginer un mieux vivre ensemble, de commencer par mieux connaître son voisin. Un court moment d’échange empreint de naturel et de spontanéité rythmé par deux questions : “Comment va se traduire le pic pétrolier et le réchauffement climatique dans ma vie et dans ma ville ?” et “Dans ces conditions, qu’est-ce que j’aimerais se voir passer à Montreuil ?” afin d’allier enjeux globaux et conséquences locales. Après avoir échangé avec son voisin, souvent inconnu mais plus si étranger, les participants étaient invités à réfléchir, en groupes souvent très hétéroclites, à la vaste question : “Comment pouvons-nous faire évoluer ensemble les choses dans le sens de la Transition à Montreuil ?”. Une question intarissable sur laquelle les aspirants à une ville en Transition n’ont pas manqué d’imagination.

Une émulation collective pour des utopies concrètes

Parmi les points abordés lors de ces discussions collectives passionnantes, la sensibilisation, l’accès à l’information et l’éducation tenaient une place toute particulière. Cette dernière se voulait d’ailleurs décloisonnée en s’adressant autant à un public jeune qu’adulte, qu’il soit technophile ou non et en s’appuyant autant sur les outils collaboratifs que sur du porte-à-porte.

"Donner la parole à ceux qui ne la prennent jamais"

Plus loin qu’une logique de sensibilisation aux enjeux soulevés par la Transition, il était question de capitaliser sur l’intelligence collective et de mutualiser les ressources. Une mutualisation qui, même si elle est 2.0, permettrait de relocaliser les connaissances dans un monde où une requête Google paraît parfois plus naturelle que la sollicitation d’un voisin.Finalement, la démarche cherchait à faire émerger des savoirs, compétences et savoir-faire négligés -à tort- et ainsi “donner la parole à des gens qui ne la prennent jamais”.

Pour mieux fédérer cette intelligence locale -souvent tacite-, un grand soin a été pris à souligner l’importance de s’appuyer et de capitaliser sur des structures pré-existantes, qu’il s’agisse d’initiatives, d’instances municipales ou encore de médias locaux. L’enjeu est donc, d’une part de s’ancrer dans l’éco-système existant et d’autre part, de l’utiliser comme levier à une Transition déjà en partie présente dans la plupart de ces structures. En prenant en compte la richesse de l’environnement Montreuillois, un accent a été mis sur l’inter-modalité des moyens de communication et l’importance de leur caractère démonstrateur. Des actions de communication spécifiques ont ainsi été imaginées afin d’informer de manière pertinente et locale en créant, par exemple, des parcours Transition pour (re)découvrir la ville avec les offices de tourisme. Parmi les nombreuses autres actions évoquées, on retrouve également une journée “retour à l’envoyeur” des différentes prospectus publicitaires, une protestation locale face à un désordre global. Enfin, la meilleure façon d’ancrer le mouvement peut tout simplement être de montrer qu’il est déjà présent un peu partout dans la vie de la ville, que ce soit dans les conseils de quartier, les vide grenier, les zones de gratuité, les SEL (Systèmes d’Échange Locaux), les ressourceries ou encore dans les jardins partagés. Une soirée qui présage le début d’une belle histoire avec l’amorçage de T’M dans une ville où les habitants aiment leur vi(ll)e mais souhaiteraient l’apréhender autrement en se la réappropriant. Une histoire à vivre, à écrire et aussi à lire sur le site de Transition Montreuil. Crédit images : Yves Buisson