Pourquoi les startups collaboratives ne collaborent-elles pas ?

Même un simple observateur de l’économie du partage peut noter que, dans quasiment tous les domaines, il existe des tas de startups qui fournissent exactement le même service. Si certaines sont la copie conforme d’une startup originale adaptée à un marché différent, bien d’autres semblent avoir simplement émergé à peu près au même moment. Pourquoi la collaboration est-elle si difficile entre les startups ? Voici quelques unes des raisons principales :

(1) Il n'existe pas de recette magique pour associer des fondateurs.

Il n’existe pas de bon outil pour mettre en contact de potentiels co-fondateurs sur la base d’un tempérament et d’idées similaires. Il y a alors une propension naturelle à ce que de multiples personnes s’attaquent à la même idée au même moment.

(2) Des objectifs différents.

Certaines personnes sont là pour faire de l’argent. D’autres s’en moquent comlètement. Certains veulent consacrer leur vie au travail. D’autres aspirent à garder un style de vie « équilibré ». Les startups se retrouvent souvent dans la catégorie « beaucoup d’argent » + « beaucoup de travail », ce qui ne convient pas à tout le monde. Le modèle Airbnb n’est pas nécessairement meilleur que le Bed and Breakfast tenu par vos voisins depuis 20 ans. Cela dit, ce Bed and Breakfast n’est pas vraiment une startup non plus.

(3) La coordination.

Bien que la communication à distance soit désormais chose très facile, il reste assez difficile de se coordonner de très loin. La plupart des gens ont l’air d’avoir besoin d’un semblant de bureau dans lequel ils peuvent s’asseoir face à face pour collaborer. Faire partie d’un écosystème innovant aide beaucoup, cependant il n’y a pas en Europe de vrai « hubs » comme il en existe aux Etats-Unis (i.e. la Silicon Valley).

(4) La difficulté à évaluer et mettre en balance les compétences de chacun.

Avant de commencer à travailler sur ma propre startup, j’ai été approché par un ancien commercial qui travaillait sur une startup dans le domaine éducatif. Il m’a dit qu’il me trouvait formidable et m’a proposé de me donner 30% de sa compagnie si j’acceptais de développer ses produits. J’ai dit, « Hmm, je sais programmer, pourquoi je ne construirais pas quelque chose moi-même ? ». Heureusement, dans ce cas, nous n’étions pas du tout concurrents (en fait, nous sommes même devenus de proches amis), mais il est délicat d’estimer la valeur qu’apporte quelqu’un dans le contexte d’une startup. Pour moi, il était insultant de me voir offrir 30% de quelque chose que j’aurais à construire moi-même. Mais tout dépend du stade de progression du projet et de la quantité de valeur ajoutée qu’on y apporte.

(5) La confiance.

La confiance est une chose qu’il est difficile de gagner et facile de perdre. Si vous êtes amené à beaucoup travailler avec quelqu’un, vous devriez probablement lui accorder une totale confiance. Mais il est extrêmement difficile de faire confiance à quelqu’un avec qui vous n’avez jamais travaillé et que vous ne connaissez pas bien. D’où l’importance des carrefours et réseaux, comme les universités d’élite. Ils vous donnent la chance de rencontrer des personnes brillantes et vraiment motivées avec qui vous pourriez avoir envie de collaborer dans le futur, idéalement dans le contexte d’un projet collaboratif.

(6) « Nous voulons être bons »

Être bon est complexe. Dans la vie, il faut savoir faire des compromis. Certaines choses (comme une Tesla) sont au-dessus de mes moyens, alors je me contente d’un véhicule peu gourmand mais qui utilise malgré tout de l’essence. Ouais, j’aimerais vraiment bien avoir une Tesla Model S, mais je ne peux pas me le permettre. On peut, et on doit, avoir un certain nombre de valeurs, mais il faut aussi savoir faire toutes sortes de compromis. Si vous êtes trop chers en en termes d’exigences, votre idée sera peut-être super, mais vous ne deviendrez probablement pas une startup. Y a-t-il une meilleure solution ? S’impliquer dans des réseaux où des personnes ayant un tempérament et des intérêts communs peuvent se rencontrer s’avère être un excellent moyen de trouver un ou des co- fondateur(s) potentiel(s) pour une entreprise collaborative. Et vous savez quoi ? OuiShare, c’est exactement ça.

À mesure que la technologie visant à aider les gens à communiquer s’améliore, la probabilité de trouver quelqu’un avec qui vous aurez une profonde connexion augmente aussi.

Souvent, il faut du temps pour explorer ces connexions, pour construire la confiance nécessaire au lancement d’une entreprise et pour voir si les valeurs et les aptitudes de chaque membre peuvent s’accorder. Ce n’est pas facile, mais c’est certainement mieux que de redoubler d’efforts et de compétition insensée. Je pense que c’est dans cette direction que bouge doucement le monde. Plus de liens entre les gens à travers le monde permettrait, dès qu’un projet est initié, d’en entendre parler au plus vite, et que les bonnes personnes puissent se rassembler pour le concrétiser. Cette forme de collaboration nous aide tous. Nous devrions la célébrer.   Article original en anglais - Traduction en français : Fanny Berlingen