Retour sur le tour: la France du covoiturage

Le covoiturage est, à l'image du Bon Coin, un vrai phénomène en France. Le OuiShare Tour a été l'occasion pour nous de rencontrer des usagers fréquents de ce mode de transport. Rencontre avec Sophie, "experte", plus de 100 covoiturages au compteur. Nous sommes le Vendredi 7 décembre 2012 : cinquième étape du OuiShare Tour, à mi chemin de nos 11 étapes en deux semaines, et plus de 2.000 km parcourus via covoiturage.fr (l'un de nos sponsors sur ce tour). Nous avons passé la nuit chez Léonardo, un des membres actifs de OuiShare Toulouse, et nous devons être à Montpellier ce soir à 19h. Il est 10h du matin, le bon moment pour jeter un coup d'oeil sur Covoiturage.fr : parmi de nombreux trajets proposés, l'annonce de Sophie retient notre attention : 5 étoiles au compteur, elle part à 14h et ne demande que 15€ par personne. Une réservation en ligne et un coup de fil à Sophie plus tard, le rendez-vous est fixé. [caption id="attachment_6190" align="aligncenter" width="452"]

Le OuiShare Tour à La Cantine de Toulouse[/caption] Sophie est interne en médecine générale. Elle se rend à Montpellier pour rejoindre son copain qui poursuit ses études. Sophie est "experte" du covoiturage, dixit covoiturage.fr qui lui a donné ce titre honorifique pour sa centaine de trajets effectués via le site : "80 en tant que conductrice, et une vingtaine en tant que passagère", précise la concernée. Les covoitureurs l'apprécient : avec 5 étoiles pour 14 avis positives, c'est un sans faute. Mais y pense-t-on vraiment ? Sophie relativise :

Je sais que les avis comptent, mais franchement je n'y pense pas.

En fait, les avis compteraient davantage quand on est passager. "Les deux dernières fois que j'ai réservé en tant que passagère (pour sa mère et sa soeur), j'ai lu attentivement les avis." raconte Sophie. Et en tant que conductrice ? "Je ne fais pas toujours attention aux informations, notamment quand c'est au dernier moment. Je fais surtout attention si c'est une demande de mec, je regarde les avis, ainsi que l'âge." Elle n'a refusé qu'une seule fois un passager. Une question d'intuition : "Il était vieux, n'avait pas d'avis et avait une tête de pervers sur la photo. D'un côté, je me suis dit que ça faisait un peu délit de sale gueule mais bon, comme j'avais une mauvaise intuition…" Le seul titre qui manque au palmarès de Sophie ? Ambassadrice. Je ne suis pas encore ambassadrice (le titre ultime sur covoiturage.fr), car je n'ai pas mis ma photo je crois (son copain est ambassadeur mais a moins d'avis qu'elle). "Il faudrait que je prenne le temps d'aller sur le site pour lamettre."

Le succès de l'application mobile

Oui car aujourd'hui Sophie n'utilise plus que l'application mobile, plus pratique selon elle : Dès que j'ai une demande, je peux répondre via l'appli. Je n'utilise quasiment que l'appli maintenant. Ca fait une éternité que je ne suis pas passée par le site. Ca s'est considérablement accéléré depuis un an selon elle (elle est inscrite depuis deux ans), la preuve ? "Le nombre de trajets proposés a beaucoup augmenté et les personnes me répondent beaucoup plus rapidement. Par exemple cet été, il y avait 15 possibilités pour un Rennes-Toulouse et ils étaient tous pleins !" Les nouveaux covoitureurs sont nombreux aussi : "J'ai rencontré beaucoup de personnes qui me disaient qu'il s'agissait de leur premier covoiturage. Je pense que ça commence à toucher d'autres tranches d'âges. On voit de plus en plus d'annonces de la génération de nos parents (elle a 26 ans et se considère dans la moyenne d'âge du covoiturage)." Moment émotion quand elle nous raconte son covoiturage avec l'un de ses covoiturages les plus épiques :

Une fois, j'ai quand même pris un Papi qui était en maison de retraite… de Granville (près du Mont-Saint-Michel) jusqu'à Banyuls (près de Perpignan). C'est son fils qui m'avait contacté et qui m'avait proposé plus d'argent pour le raccompagner dans sa maison de retraite. Pour lui, le mettre dans le train avec le changement de métro ou faire la route en taxi, ça n'était pas envisageable. Et pour moi, à lui tout seul, ça m'avait remboursé le voyage. En fait, on se rend compte que ça permet plus de souplesse que le train.

Elle nous cite un autre exemple : "Une fois, de Perpignan à Montpelier, j'ai eu une maman avec son bébé. Pour elle, prendre le train, ça aurait été trop galère."Le prix et la praticité

: les deux raisons qu'elle cite au développement du covoiturage. Spontanément, elle évoque le côté social, mais qui reste secondaire selon elle :

Si on est honnête, l'aspect financier c'est le plus important. Mais le côté social c'est important aussi. C'est toujours plus sympa de faire le voyage à 2, 3, 4, ça fait de la compagnie. En général, c'est des gens sympas. La Radio, ça va deux minutes. Ca a plein d'avantages… C'est aussi plus écologique: ça me fait moins culpabiliser de prendre ma voiture comme ça !

Et la consommation collaborative ?

Je ne connaissais pas le terme générique mais clairement,je pratique. Le covoiturage déjà. Avec mes parents, on a fait pas mal de fois de l'échange de maisons ("par catalogue à l'époque"). Et puis j'achète des paniers de fruits et légumes produit localement. J'ai entendu parler de laRuche qui dit Ouià la radio, il faut que je m'inscrive ! Beaucoup de covoitureurs me parlent deCouchsurfingaussi.

Bref nous sommes bien arrivés à l'heure pour la dernière étape de cette première semaine du OuiShare Tour sans pour autant avoir vu le temps passer !

Le Covoiturage, la porte d'entrée de la consommation collaborative

Des témoignages comme celui de Sophie, nous en avons entendus beaucoup ! Ce qui en ressort c'est que le covoiturage est une formidable porte d'entrée pour l'éco-système de la consommation collaborative. Avec 3.500 nouveaux inscrits par jours, 500.000 trajets partagés pendant les fêtes de Noël, beaucoup découvrent les styles de vie collaboratifs par ce service et comme il est en train de devenir de plus en plus grand public de nombreuses personnes découvrent la consommation collaborative. Le covoiturage via BlaBlaCar (alias covoiturage.fr) n’est plus le même qu’il y a un an, la consommation collaborative dans son ensemble a également évolué, nous sommes sur un terrain mouvant et c’est bien ce qui fait son intérêt. Il y a fort à parier que la tendance de démocratisation des service de la consommation collaborative va continuer de croître en 2013 en séduisant chaque jours de nouvelles franges de notre société le contexte de crise et la volonté de chacun de préserver son niveau de vie jouant un rôle de catalyseur. Ce billet fait partie de la série "Retour sur le tour", voir aussi : Retour sur le Tour : OuiShare et l’économie collaborative, c’est quoi pour vous ? Certains

Natalie Ortiz - OuiShare